Quelles affections ou maladies peut-on actuellement traiter par thérapie cellulaire et génique?
Les thérapies géniques et cellulaires peuvent offrir un espoir aux personnes atteintes des maladies rares ou difficiles à traiter. Quelles sont les affections pour lesquelles de telles thérapies sont actuellement autorisées en Europe?
Que savons-nous?
Des thérapies géniques et cellulaires ont été développées et autorisées pour un nombre croissant de pathologies. Les chercheurs travaillent à la mise au point de nouveaux traitements pour davantage de pathologies mais leur nombre est encore limité. Alors que les traitements génétiques ou cellulaires sont souvent désignés sous le terme générique de thérapie génique et cellulaire, il n’y a pas plus de ‘thérapie génique et cellulaire’ unique que de ‘chirurgie’ unique. Chaque thérapie est conçue pour la maladie qu’elle traite – par une modification génétique spécifique, ou le renouvellement d’un type spécifique de cellules qui ne fonctionnent pas correctement chez le patient.
Les affections ciblées par des thérapies géniques ou cellulaires sont souvent complexes et difficiles à traiter. Cette complexité, comme l’adaptation spécifique de chaque traitement à la maladie qu’il cible, font que la mise au point de nouvelles thérapies est un processus de longue haleine. Le processus d’élaboration et d’homologation est strictement réglementé au niveau régional et Européen.
Cette page énumère les thérapies qui ont été approuvées à des fins cliniques dans l’Union Européenne.
Sur quoi les chercheurs se concentrent-ils actuellement?
La recherche et le développement de thérapies cellulaires et géniques est un processus au long cours, qui commence par une recherche fondamentale en laboratoire et se termine, selon le scénario idéal, par une thérapie sûre et efficace. Plusieurs études sont à différents stades du processus de recherche au niveau européen et international.
A mesure que les techniques de recherche progressent, les scientifiques font de nouvelles découvertes en biologie cellulaire et en génétique fondamentales. En laboratoire, les scientifiques étudient de nouveaux traitements, et utilisent des cellules et des tissus humains pour créer des ‘modèles’ de certaines maladies. Les chercheurs cliniciens mènent des essais cliniques, au cours desquels des patients reçoivent de nouveaux traitements sous étroite surveillance médicale pour déterminer leur efficacité. Ils étudient également la possibilité de réutiliser des thérapies homologuées – c’est-à-dire la possibilité qu’elles puissent être efficaces pour traiter d’autres affections, ou d’autres composantes d’une même maladie.
Si cela vous intéresse de savoir quelle recherche est menée pour une maladie ou un organe particulier, vous pouvez trouver plus d’informations dans ‘Utilisations actuelles et potentielles’.
Quels sont les défis?
Des maladies différentes constituent des défis différents quand il s’agit de développer de nouveaux traitements. Par exemple, la mise au point d’une thérapie génique pour une maladie provoquée par la mutation d’un seul gène est moins complexe que celle d’une thérapie génique pour une maladie due à de nombreux gènes, ou à la combinaison de facteurs génétiques et de facteurs liés au style de vie. Certains tissus et organes sont aussi plus ‘accessibles’ pour prélever des cellules, ou administrer des traitements (comme le sang et l’œil). Pour être efficace, la thérapie cellulaire et génique repose sur la modification de millions de cellules. Aussi, trouver comment dispenser la thérapie efficacement est un élément important de la mise au point.
Les thérapies géniques et cellulaires doivent aussi faire l’objet d’un examen scientifique, éthique et réglementaire rigoureux aux stades de développement de la recherche et de l’essai clinique, aussi bien qu’au stade de la commercialisation, le cas échéant. Le passage de ‘la paillasse au chevet du patient’ – de la mise au point d’un traitement en laboratoire à sa mise en oeuvre routinière en clinique – prend plusieurs années. Il peut falloir plusieurs années pour qu’une étude qui s’est montrée prometteuse lors des essais cliniques reçoive une autorisation réglementaire complète, et il peut y avoir un délai supplémentaire entre l’approbation d’un traitement et sa disponibilité via un service national de santé publique.
Vous pouvez en savoir plus sur le processus d’essais cliniques ici, et sur la régulation et le développement de nouvelles thérapies ici.
Types de pathologies traitées par des thérapies géniques et cellulaires
En Europe actuellement, les pathologies suivantes peuvent être traitées par des thérapies géniques et cellulaires. Vous pouvez trouver des informations complémentaires sur une affection donnée, le traitement existant, et la recherche actuelle dans nos fiches-info pour chacune d’elles. Nous élaborons et ajoutons continuellement de nouvelles fiches-info.
Cancers du sang
Les cancers du sang (ou cancers hématologiques) sont dus à une surproduction de certaines cellules dans le système sanguin. La nature du cancer dépend du type de cellules produites en excès.
Les greffes de cellules souches sanguines sont utilisées dans le traitement des leucémies, lymphomes, myélomes, syndromes myélodysplasiques et syndromes myéloprolifératifs. Les cellules souches du patient qui produisent les types cellulaires défectueux sont éliminées par chimiothérapie. (Cela élimine également les cellules saines, non cancéreuses ; les patients sont vulnérables aux infections et autres complications à ce stade du traitement). Elles sont ensuite remplacées soit par les cellules d’un donneur sain, soit par les propres cellules du patient qui ont été modifiées en laboratoire. On appelle cela souvent greffe de moelle osseuse, greffe de cellules souches de moelle osseuse, ou greffe de cellules souches hématopoïétiques. Vous pouvez lire notre fiche-info sur les greffes de cellules souches sanguines ici.
Une thérapie génique et cellulaire hybride appelée thérapie par lymphocytes T à Récepteurs Antigéniques Chimériques (thérapie CAR-T) est utilisée pour traiter certains types de cancers du sang agressifs. C’est un traitement personnalisé dans lequel les propres cellules immunitaires du patient sont prélevées, ‘génétiquement reprogrammées’ en laboratoire pour cibler son cancer, et réintroduites dans son organisme. Chez les enfants et les jeunes gens, la thérapie CAR-T est utilisée pour traiter certaines leucémies (leucémie aiguë lymphoblastique à cellules B) et, chez les adultes, pour traiter certains lymphomes (lymphome B diffus à grandes cellules, lymphome B médiastinal primitif) et les myélomes multiples. Comme il s’agit d’une procédure très complexe, elle n’est généralement tentée qu’après l’échec de plusieurs traitements plus courants. Vous pouvez lire notre fiche-info sur la thérapie CAR-T ici.
Maladies à médiation immunitaire
Déficit immunitaire combiné sévère (SCID)
Le déficit immunitaire combiné sévère (SCID) est un ensemble de troubles génétiques dans lesquels le système immunitaire d’un individu est gravement compromis et ne peut se défendre efficacement contre l’infection.
Le SCID peut être traité par greffes de cellules souches sanguines pour remplacer les cellules immunitaires défectueuses par des cellules d’un donneur sain. Vous pouvez en savoir plus sur les greffes de cellules souches sanguines ici.
Quand on ne trouve pas de donneur compatible pour une greffe de cellules souches sanguines, la thérapie génique, ou une thérapie cellulaire et génique combinée, peut être pertinente pour essayer de corriger la mutation responsable de la maladie. Vous pouvez en savoir plus sur la thérapie génique ici.
Autres immunodéficiences
Les immunodéficiences congénitales résultent souvent d’un dysfonctionnement de cellules immunitaires appelées cellules T. Ces cellules sont responsables du ciblage et de la destruction de cellules étrangères, ‘du non soi’. On observe de telles immunodéficiences dans des affections comme le Syndrome de DiGeorge (une maladie congénitale qui peut aussi provoquer un retard à l’apprentissage, des problèmes cardiaques ou des problèmes hormonaux, bien que la gravité des symptômes varie beaucoup selon les individus), ou comme l’ataxie-telangiectasie (une maladie génétique neurodégénérative).
Les déficits en cellules T peuvent être traités par greffes de cellules souches sanguines pour remplacer les cellules immunitaires défectueuses par celles d’un donneur sain. Vous pouvez en savoir plus sur les greffes de cellules souches sanguines ici.
Déficit acquis du système immunitaire
Chez des individus nés avec un système immunitaire fonctionnel, la fonction immunitaire peut être altérée plus tard au cours de la vie. Cela peut être dû à une maladie (comme le VIH/SIDA), à des interventions médicales (comme la radiothérapie en cancérologie), ou à des facteurs environnementaux (comme l’empoisonnement par radiations).
Ce déficit immunitaire acquis peut être traité par greffes de cellules souches sanguines pour remplacer les cellules immunitaires défectueuses par des cellules d’un donneur sain. Vous pouvez en savoir plus sur les greffes de cellules souches sanguines ici.
Maladies du sang à médiation non immunitaire
Anémies
Les anémies sont un ensemble de troubles caractérisés par une réduction du nombre de globules rouges, qui sont responsables du transport de l’oxygène dans l’organisme. L’anémie peut être acquise ou congénitale. Elle est souvent provoquée par une mutation qui conduit, soit à une sous-production de globules rouges, soit à la production de globules rouges défectueux. Il s’agit, par exemple, de l’anémie aplasique, l’aplasie pure des globules rouges, et l’hémoglobinurie paroxystique nocturne. Elle peut aussi être due à des facteurs liés au mode de vie, comme le régime alimentaire.
Quand l’anémie est provoquée par une mutation génétique, elle peut être traitée par greffes de cellules souches sanguines pour remplacer les cellules immunitaires défectueuses par celles d’un donneur sain. Vous pouvez en savoir plus sur les greffes de cellules souches sanguines ici.
Drépanocytose
La drépanocytose (SCD) est une maladie génétique dont il existe plusieurs types. L’anémie falciforme en est le type le plus grave. Les personnes atteintes de SCD produisent des globules rouges de forme anormale. Ces cellules déformées ne vivent pas aussi longtemps que les globules rouges normaux. Elles peuvent s’agréger et obstruer les vaisseaux sanguins, privant les tissus d’oxygène. La SCD est une affection chronique qui nécessite une prise en charge continue et dont les symptômes initiaux apparaissent généralement dans la petite enfance. Dans de nombreux pays européens, le dépistage systématique de la SCD fait partie des tests de dépistage sanguin chez le nouveau-né (‘test par piqure au talon’).
Les personnes atteintes de SCD sont sujettes à des crises douloureuses aiguës appelées crises vaso-occlusives, qui peuvent durer une semaine et nécessiter une hospitalisation. La SCD peut aussi provoquer une anémie, qui peut entraîner fatigue et essoufflement et nécessiter, dans des cas graves, une transfusion sanguine. Les personnes atteintes de SCD sont aussi plus vulnérables aux infections sévères. La SCD peut aussi provoquer d’autres problèmes de santé comme un retard de croissance ou une puberté plus tardive, des complications pulmonaires et des accidents vasculaires cérébraux.
La prise en charge de la drépanocytose est généralement médicamenteuse. Elle peut être traitée par greffe de cellules souches sanguines pour remplacer les cellules productrices de sang défectueuses par celles d’un donneur sain. Vous pouvez en savoir plus sur les greffes de cellules souches sanguines ici.
Bêta-thalassémies
Les bêta-thalassémies (également appelées ß-thalassémies) sont un groupe de maladies du sang (hématologiques) dues à un défaut de production de l’hémoglobine, la protéine des globules rouges qui transporte l’oxygène. Ces troubles peuvent se traduire par une anémie, une fragilité osseuse, et un retard de croissance.
Il y a trois formes principales de bêta-thalassémie. La bêta-thalassémie majeure est la forme la plus grave. Des symptômes comme une anémie sévère, un retard de croissance et un développement anormal du squelette apparaissent généralement au cours des deux premières années de vie. Les symptômes dus à la bêta-thalassémie intermédiaire surviennent plus tardivement. Le symptôme le plus courant est une anémie légère ou modérée. La bêta-thalassémie mineure se traduit par une anémie discrète, ou peut même être asymptomatique.
Les personnes souffrant de bêta-thalassémie sévère peuvent avoir besoin de transfusions sanguines régulières. Ces transfusions, ou la pathologie elle-même, peuvent résulter en un excès de fer dans le sang, entraînant des complications cardiaques, hépatiques et hormonales. Ces complications peuvent être graves, voire fatales, et la bêta-thalassémie sévère doit être prise en charge par une équipe soignante multidisciplinaire.
La bêta-thalassémie est habituellement traitée par transfusions sanguines et médicaments. Elle peut être traitée par thérapie génique (greffe de cellules souches sanguines) ou par une thérapie génique et cellulaire hybride. Vous pouvez en savoir plus sur les greffes de cellules souches sanguines ici.
Autres maladies du sang
D’autres maladies hématologiques génétiques ou acquises comme les hémoglobinopathies (affections qui touchent l’hémoglobine, molécule de transport de l’oxygène dans le sang), les cytopénies (une baisse du nombre de cellules sanguines matures), ou la lymphohistiocytose hémophagocytaire (une affection où certains globules blancs attaquent d’autres types de cellules sanguines), peuvent être traitées par greffe de cellules souches sanguines pour remplacer les cellules immunitaires défectueuses par des cellules d’un donneur sain. Vous pouvez en savoir plus sur les greffes de cellules souches sanguines ici.
Cancers
Mélanomes
Les mélanomes sont un type répandu de cancer de la peau. On pense qu’ils sont provoqués par une exposition aux rayons ultraviolets du soleil, notamment une exposition à une lumière solaire inhabituellement intense (par exemple, en partant en vacances dans une région plus ensoleillée ou en restant plus longtemps que d’habitude à l’extérieur en été).
Les mélanomes sont généralement retirés par chirurgie. Si la chirurgie n’est pas applicable, les mélanomes à un stade avancé sont traités à l’aide de médicaments appelés inhibiteurs de BRAF. Ces médicaments ciblent une protéine qui favorise la division incontrôlée des cellules cancéreuses.
Si un mélanome se propage dans des tissus cutanés plus profonds, il y a un risque qu’il envahisse d’autres parties de l’organisme et y développe du tissu cancéreux (métastase). Selon la région de propagation du cancer, celui-ci peut être traité par une thérapie génique (Imlygic, autorisé en Europe par l’EMA en 2015) qui attaque les cellules cancéreuses tout en stimulant le système immunitaire de l’organisme pour reconnaitre et détruire les cellules cancéreuses.
Maladies neurologiques
Adrénoleucodystrophie cérébrale
L’adrénoleucodystrophie cérébrale (ALDC) est une maladie génétique dans laquelle l’organisme est incapable de dégrader les substances grasses appelées acides gras à très longues chaînes (AGTLC). Il en résulte une accumulation de ces AGTLC dans le cerveau, le système nerveux et la glande surrénale. Cette accumulation serait à l’origine d’une inflammation. Cette inflammation détériore la couche externe isolante des cellules nerveuses (la gaine de myéline), provoquant sa dégradation.
Les difficultés d’apprentissage, une perte de la vision et de l’audition et des crises d’épilepsie font partie des symptômes neurologiques de l’ALDC. Les personnes atteintes d’ALDC peuvent aussi éprouver des difficultés à déglutir, à coordonner leurs mouvements et contrôler leur équilibre. La lésion de la glande surrénale signifie que certaines personnes atteintes d’ALDC produisent une quantité insuffisante de certaines hormones stéroïdiennes (cortisol et aldostérone). Ces personnes peuvent être à risque de crise surrénalienne, déclenchée par une chute brutale du taux de cortisol. Ces crises peuvent provoquées des vertiges, des nausées, une perte de conscience, et peuvent être fatales si elles ne sont pas traitées.
L’ALDC a traditionnellement été traitée avec des médicaments et par physiothérapie pour prévenir la progression des symptômes. Les greffes de cellules souches sanguines peuvent également être pratiquées lorsqu’un donneur compatible peut être trouvé. Vous pouvez lire notre fiche-info sur les greffes de cellules souches sanguines ici. Quand on ne trouve pas de donneur compatible, il est possible de proposer au patient une thérapie génique et cellulaire hybride (Skysona, autorisé en Europe par l’EMA en 2021), où les propres cellules du patient sont prélevées, modifiées en laboratoire pour stopper l’accumulation d’AGTLC, et réinjectées dans son organisme.
Leucodystrophie métachromatique
La leucodystrophie métachromatique (MLD) est une maladie génétique dans laquelle les molécules d’acides gras appelés sulfatides ne peuvent être dégradées. Ces sulfatides s’accumulent dans les cellules, et en particulier dans le cerveau, la moelle épinière et les nerfs périphériques. Cette accumulation est toxique et altère la capacité de l’organisme à produire une couche isolante (gaine de myéline) pour les cellules nerveuses du cerveau, de la colonne vertébrale et de tout l’organisme.
Il y a trois formes de MLD : la forme infantile tardive, qui se manifeste avant l’âge de deux ans et est la forme la plus courante ; la forme juvénile qui se développe entre trois et 16 ans ; et la forme adulte, qui commence après seize ans et est la forme la moins courante. Les premiers signes et symptômes, et la vitesse d’évolution, varient selon l’âge auquel la maladie survient.
Les personnes atteintes de MLD peuvent développer des troubles sensoriels, comme la cécité, une déficience auditive ou la perte de la capacité de détecter des sensations comme le toucher, la douleur ou la chaleur. Elles présentent souvent des troubles de la mobilité, comme des difficultés à marcher ou à coordonner les mouvements, ou éprouvent une raideur et une rigidité ou une paralysie, ainsi que des difficultés d’élocution ou de déglutition. Parmi les troubles cognitifs et psychologiques figurent la perte de mémoire, des difficultés de compréhension, une instabilité émotionnelle et une modification de la personnalité. Les crises d’épilepsie et les psychoses sont également fréquentes dans la MLD.
Les options thérapeutiques de la MLD dépendent du stade auquel elle est constatée et diagnostiquée. Dans la plupart des cas, il s’agit d’un traitement de soutien, avec une équipe pluridisciplinaire qui permet de soulager les symptômes. Dans les cas asymptomatiques ou peu symptomatiques, une greffe de cellules souches sanguines peut être pratiquée pour ralentir l’évolution des symptômes. Vous pouvez lire notre fiche-info sur les greffes de cellules souches sanguines ici.
En l’absence de donneur compatible, il est possible de proposer au patient une thérapie génique et cellulaire hybride (Libmeldy, autorisé en Europe par l’EMA en 2020), où les propres cellules souches sanguines du patient sont prélevées, modifiées en laboratoire pour dégrader les sulfatides, et réinjectées dans son organisme.
Sclérose en plaques
La sclérose en plaques est une maladie neurodégénérative dans laquelle le système immunitaire du sujet cible la gaine protectrice des cellules nerveuses dans le cerveau et la moelle épinière. Cela entraîne une altération de la signalisation du système nerveux, et peut provoquer des symptômes physiques et cognitifs. Vous pouvez lire notre fiche-info sur la sclérose en plaques ici.
La sclérose en plaques peut être traitée, comme d’autres maladies à médiation immunitaire, par greffe de cellules souches sanguines pour remplacer les cellules immunitaires défectueuses. Cela bloque la détérioration du système nerveux central par le système immunitaire, bien que cela n’inverse pas cette dégradation. C’est actuellement le seul traitement cliniquement validé disponible en Europe. Vous pouvez lire notre fiche-info sur les greffes de cellules souches sanguines ici.
Amyotrophie spinale
L’amyotrophie spinale (SMA) est une maladie neuromusculaire d’origine génétique. Elle entraîne la mort des motoneurones (les cellules nerveuses qui transmettent les signaux du système nerveux central aux muscles, commandant le mouvement) et une atrophie musculaire progressive. Il y a cinq sous-types de SMA (SMA 0-5), en fonction du moment où les premiers symptômes apparaissent et de la nature de ces symptômes. Les enfants atteints d’une SMA de type 0/1 n’atteignent généralement pas l’âge de quatre ans si un traitement approprié ne peut être trouvé, tandis que les sujets atteints d’une SMA de type 4 (SMA de l’adulte) ont une espérance de vie normale.
Les symptômes les plus communément observés dans la SMA sévère comprennent une faiblesse et ‘mollesse’ musculaire générale, des difficultés à s’alimenter et à avaler, et des problèmes respiratoires. Les enfants peuvent avoir des difficultés à atteindre les stades de développement tels que se retourner, s’asseoir ou se mettre debout ; dans certains cas, un bébé ou un enfant perdra une aptitude qu’il maîtrisait déjà, comme s’asseoir sans aide.
Le traitement conventionnel de la SMA a mis l’accent sur la gestion des symptômes et de l’inconfort grâce à la physiothérapie et l’ergothérapie. Une arthrodèse vertébrale peut être réalisée pour soulager la pression sur les poumons et une ventilation peut être utilisée pour faciliter la respiration. En Europe, des enfants âgés de moins de vingt-quatre mois peuvent être éligibles à une thérapie génique (Zolgensma, autorisé par l’EMA en Europe en 2020) qui délivre une copie fonctionnelle du gène muté responsable de la pathologie et restaure la fonction nerveuse.
Certaines cliniques privées proposent un greffe de cellules souches sanguines comme traitement de la SMA; néanmoins, il n’existe aucune preuve scientifique et clinique de l’efficacité de cette approche.
Maladies liées au système immunitaire
Maladie de Crohn
La maladie de Crohn est une affection chronique caractérisée par une inflammation d’une région du système digestif. Les symptômes comprennent des crampes et des maux d’estomac, des diarrhées ou du sang dans les selles, et une perte rapide de poids (ou, dans le tableau clinique pédiatrique, un retard de croissance staturo-pondéral). Certains patients atteints de la maladie de Crohn peuvent développer des fistules anales – communications anormales entre l’intestin et la peau de l’anus. Les fistules ‘complexes’ sont celles qui ont plusieurs orifices ou passages, qui s’étendent profondément dans l’organisme, ou qui présentent d’autres complications comme des abcès ou une accumulation de pus.
La maladie de Crohn est habituellement traitée par des anti-inflammatoires ou par chirurgie pour exciser une petite section de l’intestin. Quand ces interventions ne sont pas efficaces, les patients peuvent recevoir une thérapie génique, sous forme de cellules d’un donneur, pour réduire l’inflammation et favoriser la croissance de nouveau tissu.
Troubles sensoriels
Dystrophie rétinienne
On appelle dystrophie rétinienne un groupe d’affections d’origine génétique qui provoque une altération de la rétine – la membrane photosensible qui tapisse le fond de l’œil. Les cellules photosensibles sont endommagées, ce qui signifie que les informations visuelles ne sont pas envoyées au cerveau. Ces pathologies évoluent souvent au cours du temps, conduisant à une perte progressive de la vision.
La thérapie génique peut être utilisée pour traiter deux dystrophies rétiniennes spécifiques – la rétinite pigmentaire et l’amaurose congénitale de Leber. Cette thérapie génique (Luxturna, autorisé par l’EMA en Europe en 2015) ne peut être appliquée que si un nombre suffisant de cellules saines restent dans la rétine, et lorsque la mutation responsable de ce trouble se situe dans un gène spécifique (RPE65).
Vous pouvez lire notre fiche-info sur les pathologies oculaires ici.
Autres affections
Les thérapies géniques et cellulaires ont aussi des applications en médecine régénérative. Ces thérapies peuvent être utilisées pour traiter une lésion acquise, comme celle provoquée par une maladie de longue durée, une usure naturelle ou une blessure. Tandis que de nombreuses recherches sont menées sur l’utilisation de thérapies régénératives pour stopper ou inverser les effets de telles lésions, seules deux applications sont actuellement autorisées au sein de l’Union Européenne.
Réparation de la cornée. Une thérapie génique et cellulaire combinée (Holoclar, autorisée par l’EMA en Europe en 2015) peut être utilisée pour traiter des lésions sévères de la cornée, comme une brûlure chimique. Les cellules qui régénèrent la cornée (cellules souches limbiques) sont prélevées chez le patient, puis génétiquement modifiées en laboratoire pour réparer le tissu lésé. Ces cellules génétiquement modifiées sont cultivées en grande quantité et réimplantées ensuite dans l’œil endommagé. Vous pouvez en savoir plus sur cette thérapie ici.
Réparation du cartilage. La thérapie cellulaire (Spherox, autorisée par l’EMA en Europe en 2017) peut être utilisée pour traiter une lésion du cartilage de l’articulation du genou. Les chondrocytes – les cellules qui synthétisent les éléments constitutifs du cartilage – sont prélevés à partir du cartilage du genou du patient. En laboratoire, ces chondrocytes sont cultivés pour produire des grappes sphériques (sphéroïdes). Ces sphéroïdes sont implantés dans les parties lésées de l’articulation du genou, ils adhèrent au cartilage et stimulent la croissance d’un nouveau cartilage sain. Cette thérapie ne fonctionne que pour des lésions de taille limitée.
Vous trouverez ici une liste complète des thérapies géniques et cellulaires autorisées pour un usage clinique en Europe, et l’affection à traiter pour laquelle elles sont homologuées. Sachez que certaines thérapies peuvent ne pas être encore disponibles auprès de votre service national de santé.
Cette liste est régulièrement mise à jour et a été révisée le 13.10.2022.
Pourquoi n’y a-t-il pas encore de thérapie pour ma maladie?
Comprendre les causes d’une maladie est l’étape première vers le développement d’une thérapie. Identifier la cause génétique ou cellulaire d’une maladie peut prendre plusieurs années de recherche. Cela peut être encore plus long si celle-ci est rare.
Le développement de nouvelles thérapies est un long processus. Il faut en général plusieurs années pour qu’un essai clinique soit terminé – et ceci après qu’une recherche fondamentale et des essais précliniques aient déjà été réalisés. A nouveau, plus une pathologie est rare plus le processus est long ; Un plus grand nombre d’études permet une meilleure compréhension de la sécurité, de l’efficacité et des effets secondaires d’une thérapie et, si le nombre de personnes souffrant d’une affection est réduit, il peut être plus long de trouver assez de participants volontaires.
Certains types de troubles sont plus faciles à traiter pour des raisons physiologiques. Le développement d’une thérapie peut prendre plus longtemps selon la région du corps concernée, car les chercheurs doivent aussi étudier un mécanisme de distribution approprié.
Vous pouvez trouver des informations sur les recherches en cours en thérapie génique et cellulaire dans nos fiches-info spécifiques d’une pathologie.
Note sur d’autres traitements
Cette page ne répertorie que les traitements dont la sécurité et l’efficacité ont été validées, et qui sont actuellement approuvés au sein de l’Union Européenne.
Les thérapies géniques et cellulaires sont soumises à une évaluation scientifique, éthique et réglementaire rigoureuse aux stades de la recherche et des essais cliniques (ainsi qu’au stade de la commercialisation, le cas échéant). Le passage ‘de la paillasse au chevet du patient’ – de la mise au point d’un traitement en laboratoire à sa mise en œuvre routinière en clinique – prend de nombreuses années. Cela peut prendre plusieurs années pour qu’une étude qui s’est révélée prometteuse lors d’essais cliniques reçoive un plein agrément réglementaire, et il peut y avoir un délai supplémentaire entre l’agrément du traitement et sa disponibilité auprès d’un service national de santé publique. Vous pouvez en savoir plus sur le processus d’essais cliniques ici, et sur la régulation et le développement de nouvelles thérapies ici.
Dans de rares cas, strictement contrôlés, des patients peuvent se voir accorder l’accès à des traitements qui n’ont pas encore reçu une autorisation de mise sur le marché, ou via d’autres voies réglementaires que l’autorisation de mise sur le marché standard. La plus connue de ces voies est celle de l’usage compassionnel. Si un patient ou un groupe de patients n’ont pas de traitement efficace autorisé pour leur maladie, et ne peuvent pas participer à des essais cliniques, les produits en cours de développement peuvent être mis à disposition. Cela dépend essentiellement de l’éligibilité du patient pour le traitement ; certaines approches ne seront pas adaptées aux caractéristiques génétiques d’un patient donné – toutes les approches ne conviennent pas au profil génétique d’un patient donné. Bien que les résultats apparemment positifs d’un usage compassionnel soient célébrés à juste titre dans les médias, il est important de garder en tête que ces cas sont rares, et qu’un petit nombre de traitements réussis ne signifie pas qu’il existe à présent un traitement courant, largement disponible. Vous pouvez lire la directive de l’EMA sur l’usage compassionnel de produits en cours de développement ici.
L’objectif de EuroGCT est de fournir des informations claires sur les thérapies géniques et cellulaires, évaluées par des experts du domaine, pour aider les patients et les professionnels de santé à la prise de décision concernant leur stratégie thérapeutique. Le personnel d’EuroGCT ne peut pas donner d’avis sur des cas individuels ou faire des commentaires sur des cliniques spécifiques. Si vous vous demandez si tel traitement est bon pour vous, et aimeriez vous préparer à cette discussion avec votre praticien, ces questions peuvent vous être utiles.
Si vous cherchez des informations sur un traitement dont vous avez vu la publicité ailleurs mais qui ne figure pas sur cette page, et que vous aimeriez avoir plus d’informations sur la sécurité de thérapies qui ne sont pas totalement homologuées, vous pouvez vous informer ici sur les essais cliniques et les thérapies expérimentales et non réglementées. Si vous avez des inquiétudes sur la sécurité ou la légitimité d’une thérapie, nous vous incitons à en discuter à nouveau avec un membre de confiance de votre équipe soignante.
Cette page est actualisée régulièrement pour tenir compte de tout développement dans la réglementation et la disponibilité de thérapies géniques et cellulaires. Les informations énumérées ici sont à jour en date du 13.10.2022.
Quelle est la différence entre la thérapie génique et cellulaire et les ATMPs?
Les médicaments de thérapie innovante (en anglais advanced therapy medical products, ‘ATMPs’) sont des médicaments à usage humain qui font appel aux cellules, aux gènes ou aux tissus. Les ATMPs sont un sous-groupe des thérapies géniques et cellulaires, car les thérapies géniques et cellulaires ne sont pas toutes des médicaments ou ne correspondent pas toutes à la définition des ATMPs.
Il existe trois grandes catégories de ATMP:
- Les médicaments de thérapie génique qui génèrent une modification génétique spécifique dans l’organisme – par exemple, en modifiant un gène déficient, ou en introduisant une copie d’un nouveau gène. Ils peuvent être utilisés à des fins thérapeutiques, diagnostiques ou préventives. Ils sont plus couramment utilisés pour traiter des maladies comme des maladies génétiques ou le cancer. (Cela ne comprend pas les vaccins contre les maladies infectieuses).
- Les médicaments de thérapie cellulaire somatique contiennent des cellules ou des tissus somatiques (c’est-à-dire tout type cellulaire autre que les spermatozoïdes, ovules ou cellules embryonnaires précoces). Les cellules peuvent être directement transplantées à un nouvel emplacement dans l’organisme, exerçant leur fonction ‘originelle’ dans un nouveau site (par exemple, pour stimuler la cicatrisation après une blessure). D’autres thérapies impliquent une modification des caractéristiques biologiques des cellules (par exemple, par modification génétique ou en les cultivant dans un environnement qui provoque une modification de leur activité). Ces médicaments peuvent être utilisés pour soigner, diagnostiquer ou prévenir les maladies.
- Les médicaments issus de l’ingénierie tissulaire sont des produits constitués de cellules ou de tissus modifiés pour réparer, régénérer ou remplacer du tissu humain. Ils peuvent être utilisés pour traiter le dommage dû à une blessure, une maladie ou la dégradation naturelle des tissus.
Les produits dénommés ATMPs combinés sont ceux qui contiennent un ou plusieurs dispositifs médicaux comme partie intégrante du médicament, tels que des cellules intégrées dans une matrice biodégradable.
De nombreux MTI relèvent de la catégorie réglementaire des médicaments orphelins. C’est une catégorie de produits développés avec des incitations légales, du fait que la maladie qu’ils ciblent est si rare qu’il ne serait pas rentable de les produire en tant qu’opération purement commerciale. Un médicament peut bénéficier de ces incitations s’il traite une pathologie rare (qui touche moins de 5 personnes sur 10 000 en Europe).
Les 14 produits énumérés ci-dessous sont ceux qui sont actuellement homologués comme médicaments orphelins par l’EMA. (L’EMA a accordé une autorisation de mise sur le marché à un total de 19 MTI. Néanmoins, 5 d’entre eux ont été retirés du marché. Ce sont Provenge, Dendréon, qui était homologué pour traiter le cancer de la prostate métastatique ; MACI, Vericel, homologué pour traiter les lésions cartilagineuses du genou ; Glybera, uniQure, homolgué pour traiter la déficience en lipoprotéine lipase ; Chondrocelect, TiGenix, homologué pour traiter les lésions cartilagineuses ; et Zaloxis, MolMed SpA, homologué pour traiter la réaction du greffon contre l’hôte).Vous pouvez trouver des informations complémentaires sur la réglementation des MTI en Europe ici.
Type de thérapie | Nb. Produits approuvés par l’EMA | Nom(s) de la thérapie innovante, Fabricant(s) | Population |
Thérapie cellulaire | 2 | - Alofisel, Takeda
- Spherox, CO.DON.AG
| |
Thérapie tissulaire | 1 | | |
Thérapie génique | 4 | - Imlygic, Amgen
- Luxturna, Novartis
- Zolgensma, Novartis
- Skysona, Bluebird Bio
| - Adultes
- Tous âges
- Enfants
- Enfants
|
Thérapie cellulaire et génique *CAR-T | 4 | - Kymriah, Novartis
- Yescarta, Kite
- Tecartus, Kite Pharma / Gilead
- Abecma, Bristol Myers Squibb
| - <25 ans
- Adultes
- Adultes
- Adultes
|
Thérapie cellulaire et génique *HSCT | 3 | - Strimvelis, Orchard / GSK
- Zynteglo, Bluebird Bio
- Libmeldy, Orchard Therapeutics
| |